A quand le son en 3D analogique matricé ?

 

A mon grand étonnement, au moment ou la reproduction sonore semble se banaliser dans une médiocrité numérique, on entend des bruits (sans jeu de mots) sur des idées auxquelles j'apporte toute mon énergie depuis près de 20 ans pour un son en 3D et que je n'ai pas pu développer faute de partenaires. Il faut admettre que la France n'est plus le lieu propice à des innovations techniques pour lesquelles elle a perdu le leaderchip depuis plusieurs dizaines d'années et qu'il est difficile pour un français d'être pris au sérieux dans les pays où se passent ces révolutions technologiques.

Pour revenir brièvement sur le son numérique, il semble évoluer vers un bien de consommation informatique qu'il est possible de stocker et d'utiliser à toutes les sauces et même à partir d'un téléphone. Les amplificateurs numériques deviennent de plus en plus puissants et de petite taille et pratiquement sans dissipation de chaleur en modulant directement l'alimentation. Il me semble que l'avenir de ces amplificateurs sera réservé à des produits économiques commerciaux.

Le CD semble malheureusement délaissé et deviendra sans doute introuvable, ce qui est dommage, car les dernières réalisations de Pionner entre autre en font un produit abouti pouvant offrir une excellente musicalité.

D'un autre côté, il se produit une résurgence de la lecture vinyle que les audiophiles semblent redécouvrir. Ce mouvement, tout d'abord sous-estimé par les fabricants, est aujourd'hui pris au sérieux et donne lieu à de nouvelles fabrications de platines, cellules de PU et de préamplis phono.

Ne sommes-nous pas arrivés aux limites musicales du son numérique ? Ces fréquences, coupées comme des rondelles de saucisson, quelques soient leurs fréquences porteuses, ne sont-elles pas idéales que pour nos appareils de mesures ? Leur "reconstitution" en reliant les points numériques ne masque-t-elle pas les nuances de la richesse des vibrations sonores dont le signal analogique est le scrupuleux reflet ? C'est sans doute cette richesse que les amateurs de vinyles retrouvent malgré les imperfections de la lecture phonographique.

Un autre exemple frappant. Les audiophiles continuent à écouter la FM (sur certaines radios de qualité telles FIP, Radio Classique ou TSF), qui est un son analogique matricé, et n'ont pas adhéré à la radio numérique !...

Si les chercheurs voulaient s'en donner la peine, il est aujourd'hui possible de réaliser un support dans lequel le son serait matricé analogiquement en conservant toute sa richesse musicale.

Enfin, pour les amateurs de musique, il est dommage que l'on soit passé de notre vieille stéréo à des systèmes commerciaux multicanaux dont la complexité tant lors de la prise de son que pour la reproduction sont d'affreux bidouillages dont le résultat laisse parfois songeur.

Tout a été basé sur un douteux postulat, aujourd'hui infirmé, que la perception humaine des sons n'était pas sensible à la verticalité de leur localisation. Ce postulat était justifié en raison de la disposition horizontale de nos oreilles. Il a donc perduré en favorisant la multiplication des canaux du home-cinéma sur un même plan horizontal, sans tenir compte de la verticalité.

Depuis de nombreuses années je suis convaincu qu'il faut apporter une troisième dimension à la ligne ponctuelle horizontale que constitue la reproduction sonore en stéréo. En effet, si les enceintes ont une restitution parfaitement en phase, la restitution restera perçue sur une ligne horizontale sans notion de hauteur, ce qui est particulièrement gênant pour une restitution d'un piano qui émet dans toutes les directions. La notion de hauteur, parfois perçue sur certaines enceintes et qualifiée à une époque d'holophonique, n'était due qu'à une disposition hors phase du tweeter ce qui provoquait des régimes tourbillonnaires aux environs des fréquences de coupures.

Comme en géométrie, il est névessaire de disposer de trois points pour déterminer une surface et de quatre points pour déterminer un volume.

Selon les quelques essais que j'ai pu réaliser, une prise de son en quatre points en utilisant 2 paires de microphones ouverts horizontalement à 120° et verticalement à 90° pourrait être restituée par deux enceintes doubles placées l'une sur l'autre en sens inverse, de manière à ce que leurs boomers soient disposés le plus près l'un de l'autre.

Quel constructeur oserait aujourd'hui introduire ce format idéal pour les mélomanes qui concilierait un son analogique matricé en quatre canaux pour une reproduction frontale en 3 ou 4D ? Pioneer... Sony ?

 

Jean-Claude Tornior